Les assureurs parlent traditionnellement d’incertitudes, terme revêtant une signifi – cation forte pour nous. Aujourd’hui, il ne s’agit malheureusement plus de naviguer dans un monde d’incertitudes, mais bien d’entrer dans un monde de l’inconnu. Les évolutions démographiques, avec l’in – croyable baisse des taux de natalité, l’évolution du climat, et surtout les crises politiques qui secouent nos pays, consti – tuent des bouleversements majeurs dont les multiples conséquences nous dépassent. Il serait illusoire de penser que ce numéro 144 réponde à toutes nos inquiétudes et aux problèmes de ce monde si chaotique. Il entend néanmoins contribuer à nourrir la réflexion sur l’environne – ment agressif dans lequel nous vivons. Et quoi de mieux, pour ce faire, que le discours si réaliste mais en réalité optimiste de Laurence Tubiana sur le réchauffement climatique. Cela fait des années qu’elle se bat, avec sa grande intelligence et son énergie sans limites ; son interview ne peut qu’inciter à penser que le pire n’est jamais sûr.
Ce numéro de Risques poursuit une analyse constructive sur deux échelles géographiques distinctes et complémentaires, en traitant suc – cessivement de la résilience de l’Union européenne face aux défis de notre ère et de la place des territoires dans ce nouveau monde fracturé. L’idée première est que nous ne serons jamais capables de mettre en œuvre la souveraineté de nos pays et de l’Union européenne si nous ne sommes pas capables de bâtir un véritable renforcement de nos capa – cités industrielles et technologiques. Le mot clé est celui de compétitivité et donc l’idée, si répandue et malheureusement si peu appliquée, que la coopération entre pays européens est le seul moyen de continuer à être un lieu de production et de consommation majeur.
Lorsque que nous parlons d’Europe il est souvent question de droits de douane, plus rarement de taux de change. Depuis que Bretton Woods est mort, en août 1971, nous vivons une série de crises. Nous sommes aujourd’hui en train de vivre les dégâts que peuvent causer l’absence de toute régulation internationale en matière de change.
Même approche sur les territoires, à l’échelle locale cette fois-ci. Ils sont vraisemblablement comme l’Europe, une partie des solutions à nos problèmes. Leur revivification, c’est-à-dire le fait de redonner une proximité des individus et des collectivités avec les décisions qu’ils prennent, s’appelle tout simplement la responsabilisation. C’est ce qu’il nous faut faire, car sans cette démarche, très novatrice en France, le risque d’une stagnation, et peut-être même d’un déclin, n’est pas à écarter.
Notre débat traditionnel, lui, porte sur l’absolue nécessité de simplifier et d’homogénéiser le dense maillage réglementaire de l’Union euro – péenne. On le voit, dans ce monde de l’inconnu, nous pouvons sans aucun doute trouver des repères nouveaux. Tout cela conduit à penser le monde, l’Europe et la France dans une version plus optimiste.
