À l’envi, chacun affirme que nous changeons de monde, sans que l’on ait une idée précise ni du niveau ni de la nature des ruptures, ni des évolutions économiques, sociales et sociétales qui se dessinent. Reviennent inlassablement les expressions de transitions énergétique, démographique et technologique, ainsi que les risques d’une crise géostratégique majeure. Autrement dit, l’incertitude est grande et les prévisions hasardeuses.
Ce numéro 143 de Risques se situe dans une perspective très différente du discours généralement véhiculé. Nous avons voulu prendre la réalité telle qu’elle s’exprime à travers deux sujets majeurs : la défense et le travail. Sur ces deux thèmes, il s’agit de comprendre les évolutions probables et les questions incontournables. Rien n’est définitif, mais l’approche est très rigoureuse et centrée, puisqu’elle se fait largement à travers le prisme de l’assurance.
Cette parution construit, pour la défense comme pour le travail, un état des lieux et des prévisions pour le futur. Évidemment, le point de vue du délégué général pour l’armement est clé pour comprendre comment notre programmation militaire, son évolution et le supplément déjà engagé vont permettre de modifier profondément notre système de défense.
Le point le plus important, abordé par plusieurs articles, est le rôle d’entraînement que peut jouer l’industrie de la défense pour l’ensemble de l’économie. Nous retrouvons ici le concept d’économie dite « duale », qui postule une circulation réciproque des innovations entre le militaire et le civil. Tout cela repose évidemment sur le développement des technologies les plus avancées : l’intelligence artificielle, les composants électroniques de toute dernière génération, les instruments de cybersécurité…
Aujourd’hui et d’une manière inédite, ces technologies sont partagées entre les mondes civil et militaire. Elles bouleversent le fonctionnement du marché du travail, modifient les habitudes, transforment les compétences. Elles font émerger une société nouvelle, qu’il nous faut comprendre et analyser.
Dans ce cadre, la finance ne se cantonne pas au un rôle de financeur mais joue un rôle moteur dans cette mutation du monde. Elle accompagne et renforce certaines tendances et influence le travail, en raison par exemple du rythme qu’elle impose, ou du maniement des data qu’elle généralise.
Ce numéro permet donc de saisir le basculement vers un monde différent. Ce nouveau paysage, c’est aussi celui du digital – raison pour laquelle nous avons organisé un débat sur les risques liés au fonctionnement des réseaux sociaux.
Ces chroniques sont l’illustration parfaite de la transformation que nous connaissons, et dont les risques et les opportunités sont aujourd’hui à décrypter.
