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Dossier – Longévité et vieillissement, défis et opportunités

Posté par Christine Chevallier | juin 2011 | Article, N° 86

Dossier – Longévité et vieillissement, défis et opportunités

Le risque de longévité est un phénomène différent de celui du vieillissement de la population. Le vieillissement est une modification de la structure par âge de la population. L’allongement de la vie humaine est un phénomène séculaire avec une tendance lourde d’augmentation et des sauts quantitatifs grâce à des découvertes médicales et scientifiques. Ce phénomène est universel et concerne l’ensemble des pays. Il pose aux opérateurs viagers un risque de solvabilité qui doit être pris en compte.

Jacques Vallin revient sur la question de l’évolution à venir de l’espérance de vie. Peut-on imaginer que la formidable progression de la durée de vie moyenne observée depuis deux siècles et demi se poursuive encore longtemps, et jusqu’où ira-t-elle ? Deux thèses s’opposent. La première se base sur l’idée que la transformation historique de nos sociétés, qui a permis l’évolution passée de l’espérance de vie, est peut-être sur le point de s’achever car les limites de la biologie humaine seraient sur le point d’être atteintes. La seconde tend à considérer qu’il est impossible de fixer une limite aux progrès de l’espérance de vie, qui pourraient continuer indéfiniment. Finalement, l’auteur rappelle que l’évolution à venir de l’espérance de vie dépendra, en grande part, de la réalité des phases de transition sanitaire à venir, en d’autres termes des innovations médicales, sociales, politiques ou culturelles susceptibles d’allonger la vie.

Face à la thèse d’une espérance de vie sans limite, thèse défendue par certains scientifiques, et qui se base sur une nouvelle conception de la vieillesse considérée comme une maladie pouvant être soignée, Jean-David Ponci, dans un entretien, nous invite à la prudence. En effet, la recherche scientifique, aussi rigoureusement soit-elle menée, reste soumise à l’interprétation subjective des résultats. Selon lui, l’objectivité scientifique est surtout mise à mal lorsque la science se charge de fournir une explication globale sur la fonction du vieillissement dans la nature : si commencer à comprendre le vieillissement, c’est s’autoriser la possibilité de le modifier et prétendre atteindre l’immortalité chez l’homme, cela ne paraît pas légitime selon les connaissances scientifiques actuelles, notamment parce que cette thèse exclut l’hypothèse probable d’un lien entre capacité reproductrice et vieillissement.

Face à l’évolution de l’espérance de vie et au vieillissement des populations, les décideurs semblent donc demeurés en situation d’incertitude. Néanmoins, il convient de tenter de comprendre au mieux ces phénomènes afin d’émettre des recommandations et de proposer des solutions concrètes aux risques auxquels nos sociétés sont exposées.

Dans son article, Didier Blanchet clarifie la vraie contribution de la longévité au vieillissement. Baby-boom, gains futurs et gains passés d’espérance de vie : le problème de la décomposition des facteurs du vieillissement n’est pas neutre vis-à-vis des options offertes en matière de politique économique, notamment concernant les retraites. En France, particulièrement, la prédominance du vieillissement par le haut, à distinguer du vieillissement par le bas, laisse peu de marge pour des corrections par une politique familiale ou une politique migratoire. En revanche, l’allongement de la durée de vie n’implique pas forcément une élévation de l’âge de la retraite induisant une diminution de la durée de la retraite d’une génération à l’autre. Le coût social et psychologique de la remontée de l’âge de la retraite devrait donc être ressenti différemment dès lors qu’on le considère comme une bonne nouvelle.

Dans le même ordre d’idée, l’article de Christine Chevallier et de François-Xavier Albouy nous incite à changer de point de vue sur les conséquences de l’augmentation de l’espérance de vie. Plutôt que de n’y voir que le développement massif du nombre de personnes dépendantes nécessitant des transferts sociaux considérables, ils nous rappellent que l’augmentation de l’espérance de vie peut être avant tout bénéfique, non seulement pour chacun de nous mais sans doute aussi pour la collectivité. En effet, historiquement, l’augmentation du capital humain s’est révélée concomitante et même un des déterminants de périodes de croissance et de modernisation rapide des économies et des structures productives. Les auteurs nous invitent donc à considérer le phénomène de longévité comme une opportunité formidable de relance de l’économie, d’autant plus qu’il ne s’agit pas d’un épiphénomène mais d’un phénomène structurel majeur. Toutefois, pour découvrir ces nouveaux territoires, il reste nécessaire de consentir des investissements lourds et de long terme.

D’ailleurs, l’allongement de la durée de vie pose, d’ores et déjà, des questions de stratégie financière à de nombreuses institutions. Les sociétés d’assurance vie et les fournisseurs de plans de retraite sont confrontés au risque d’un allongement moyen de la vie des retraités plus important que prévu. Comment gérer ce risque ? Le risque de longévité est considérable et pourrait affecter négativement le marché des rentes viagères par une augmentation des prix et/ou une diminution de l’offre de produits financiers aux ménages retraités pour compenser la diminution de leurs revenus. Dans leur article, David Blake, Tom Boardman et Andrew Cairns préconisent une participation de l’État, qui proposerait aux assureurs une couverture de ce risque par le biais d’instruments tels que les « survivor bonds » ou les « longevity bonds », obligations dont le montant des coupons est contingent au taux de survie d’une cohorte de population donnée. Ce système présente de nombreux avantages, il permettrait notamment d’atténuer les limites de l’assurabilité du risque de longévité découlant de son caractère non diversifiable, en utilisant les marchés de capitaux et en répartissant sa charge sur plusieurs générations grâce à l’intervention de l’État.

Estelle Adam et Trung-Lap Nguyen analysent les « variable annuities », qui permettent de constituer un complément de retraite à l’instar des rentes viagères. Très populaires aux États-Unis et au Japon, ces produits ne se développent pas en Europe et particulièrement en France. Pourtant leurs caractéristiques techniques correspondent aux demandes de certains types d’épargnant, notamment parce que l’épargne constituée reste à la libre disposition de ce dernier. Les auteurs fournissent une fine analyse des caractéristiques du produit afin qu’il soit à la fois rentable pour l’assureur de le vendre et intéressant pour des assurés de l’acheter.

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